Les carpistes utilisent tous des graines pour l’eschage ou même
seulement pour l’amorçage. Mais quand ils emploient des graines, la
plupart ne s’intéressent à rien d’autre que le temps de cuisson ou à la
quantité nécessaire pour l’amorçage. Peu d’entre eux savent exactement,
par exemple, ce que sont une arachide ou un pois chiche et quelle est
leur valeur réelle. Pourquoi dans certaines conditions, l’une de ces
graines peut-elle être meilleure que l’autre ? D’où proviennent-elles et
quelle est leur utilité véritable ? Toutes ces questions sur leurs
caractéristiques et leur histoire sont pourtant importantes pour la
pêche.
À chacune son heure !
En raison de la diversité de
leurs goûts, formes, tailles, couleurs, mais aussi de leurs valeurs
parfois complètement opposées, nous avons la possibilité d’associer à un
moment de l’année, à un plan d’eau, à l’humeur des carpes, et à nos
propres envies. Et de surcroît, de le faire de manière à ce que les
qualités des unes compensent les défauts des autres. Un exemple très
probant est constitué par l’association de micrograines comme le
chènevis avec des graines plus volumineuses comme l’arachide, la noix
tigrée ou même, à l’extrême, la fève.
Les micrograines.
Grâce
à leur petite taille, les micrograines présentent l’avantage d’obliger
les carpes à rester très longtemps dans le périmètre pour « picorer »,
si on arrose bien le poste. Et comme elles vont rester sur place, il y a
plus de chances pour qu’elles s’intéressent aux esches que vous leur
présentez sur l’hameçon. Certes, par sa taille, une micrograine va aussi
intéresser toutes les espèces de cyprinidés présents dans le plan
d’eau, alors qu’à l’inverse aucun gardon ne va vouloir d’une fève, sauf
peut-être s’il est génétiquement modifié. Mais cet inconvénient va
devenir une qualité car beaucoup de petits poissons vont venir festoyer
et les vibrations générées par ce remue-ménage vont être perçues par les
carpes qui rodent aux alentour en recherche de nourriture. Bien qu’à
certaines périodes de l’année les carpes ne rechignent pas à engamer
toutes les sortes de graines qu’on leur présente, à d’autres moments il
faut être plus perspicace pour déclencher leur appétit. Le tout est de
comprendre quelles graines il faut associer en fonction de l’époque et
du plan d’eau, et ceci passe nécessairement par une connaissance plus
approfondie de chacune d’entre elle. De plus, comme certaines graines
renferment des alcaloïdes (1) (le lupin par exemple) ou peuvent être
affectées par des toxines (comme l’aflatoxine de l’arachide), il est
fortement conseillé de savoir quels sont ces poisons médicamenteux. On
saura alors comment les détruire ou, à défaut, en réduire la toxicité,
de manière à éviter tout problèmes, surtout dans les plans d’eau de
faibles superficies.
Graines germées : la technique du troisième millénaire.
Les
graines germées sont très nutritives, car c’est dans ce germe que se
trouve la totalité des éléments nutritifs nécessaires au développement
de la plante. L’endosperme (sac embryonnaire) de la graine est
l’entrepôt des protéines, de l’huile et des hydrates de carbone. Lors de
la germination de la graine, tous ces composants se transforment en des
aminoacides prédigérés et en sucres naturels dont l’embryon se nourrit à
mesure que la plante se développe et jusqu'à ce qu’elle soit à
maturité. En ce qui concerne l’alimentation humaine, des recherches ont
montré que l’on trouve dans les graines germées jusqu’à cent fois plus
de vitamines et de minéraux, et que leur valeur nutritive est
considérablement accrue. A contrario, plus l’on fait cuire les graines,
plus la perte en vitamine est importante. Le chènevis est la seule
graine que les carpistes font germer. Pourquoi ne pas en faire de même
avec d’autres ? En principe, pour faire germer des graines, il faut
suivre le protocole simple mais relativement strict qui suit.
Comment faire germer des graines ?
Mettez
la quantité désirée de graines à faire germer dans un récipient, rempli
à moitié d’eau tiède, couvrez avec une toile (style moustiquaire).
Placez-le tout dans un endroit sombre, à la température de la pièce,
durant une demi-journée environ (certaines graines à cause de leur
dureté demanderont un trempage plus long). Ensuite, égouttez les et
rincez les, puis laissez les reposer au sec durant douze heures. Rincez
les à nouveau et égouttez les bien pour éviter qu'elles ne pourrissent.
Durant les jours suivants, les graines doivent être rincées et égouttées
tous les jours avec de l’eau tiède. Maintenez les à l’abri de la
lumière et à température ambiante. Pour les puristes, à la fin il
faudrait en fait exposer les graines à la lumière du jour pour augmenter
leur teneur en chlorophylle. Attention aux récipients choisis, car
certaines graines une fois germées peuvent presque décupler leur volume.
Si la quantité de graines à faire germer est faible (seulement pour
l’eschage), le plus simple est de mettre quelques graines dans du coton
constamment imbibé d’eau, le tout dans le noir. Notez que les germes ne
doivent pas être plus grand que la graine elle-même pour que le goût
reste agréable. Ces techniques sont celles utilisées pour la germination
des graines pour l’alimentation humaine (arachide, pois chiche, blé,
sarrasin, tournesol, millet, haricots, soja, etc.).
Le facteur limitant.
Voici
comment, grâce à un mélange judicieux de graines, faire en sorte que
mathématiquement 1+1=3. L’explication se trouve tout simplement dans la
composition de chaque graine. Ce qui est vérifié scientifiquement pour
l’alimentation humaine peut certainement être adapté à la carpe, poisson
omnivore par nature. De toute manière tout être vivant a sensiblement
les mêmes besoins pour vivre et se développer (protéines, hydrates de
carbone, lipides, vitamines, ologo-éléments, etc.). Sur les 22 acides
aminés qui composent les protéines, 8 sont appelés « acides aminés
indispensables » pour la simple raison qu’ils font partie des besoins
vitaux. Cependant, comme le corps ne les synthétise pas, il faut donc
les chercher dans la nourriture appropriée. Ces acides aminés doivent
être présents ensembles et en proportions correcte pour que
l’assimilation des protéines soit complète. Il suffit qu’un seul d’entre
eux soit en proportion inférieure par rapport à la protéine de
référence pour qu’il devienne l’acide aminé limitatif ou « facteur
limitant ». Il empêchera alors l’assimilation des protéines et diminuera
en partie la fonction bénéfique des autres acides aminés, même si ceux
ci sont présents en quantité supérieure aux besoins vitaux. C’est
pourquoi il paraît judicieux de mélanger des graines de céréales et de
légumineuses pour obtenir un ensemble protéique dans lequel aucun des
acides aminés essentiels ne manque. Ce mélange constitué prouve que le
tout est plus important que la somme des parties. En clair, une carpe
qui se nourrira chaque jour d’un mélange calculé de deux graines sur
votre poste assimilera 40% de protéines en plus que si elle se nourrit
un jour avec une graine et le lendemain avec l’autre. L’animale comme
l’homme ne sachant pas stocker les protéines, la « complémentation » ne
sera efficace que si les deux protéines (céréale et légumineuse) sont
assimilées en même temps. Sinon les acides aminés non utilisés pour des
synthèses seront brûlés en production d’énergie. Ainsi pour fournir un
mélange protéique, les haricots riches en lysine, mais faibles en
méthionine peuvent être mélangés avec le blé qui en contient en
proportions strictement inverses. Tout cela peut sembler relativement
compliqué, mais, en fait, il ne s’agit ni plus ni moins que de
diététique équilibrée.
Derniers petits conseils.
Pour
la cuisson de vos graines, bannissez à tout jamais les casseroles en
aluminium, car elles ont tendance à donner un goût aux graines. Même si
vous ne le sentez pas, les carpes, elles, y seront sensibles. Evitez
aussi de parfumer les graines. Ca n’a aucun intérêt, puisqu’elles ont
leurs propres odeurs. Il est évident que, vu notre sens olfactif, nous
avons l’impression que les graines sont complètement inodores. Pour
avoir la preuve du contraire, sentez l’eau de trempage ou de cuisson et
vous constaterez une odeur bien nette. De plus, en parfumant les
graines, vous risquez de faire un mélange d’odeurs qui détournera les
carpes de vos bouillettes. Ne négligez pas non plus le fait que dans
certains cas, une surabondance d’odeurs (différentes) peut nuire.
(1)Alcaloïdes.
Ce sont des substances azotées qui ont le plus souvent des propriétés
pharmacologiques et qui généralement donnent un goût amer. Elles
présentent aussi très souvent une très grande toxicité. Les plus connues
sont la morphine, la nicotine, la strychnine, et la quinine.
(2)Hétérosides.
Ce sont des produits ressemblant à des sucres, dont certains sont
toxiques tout comme les alcaloïdes. Parmi les plus connus, on compte la
digitaline et la convallatoxine (muguet).
seulement pour l’amorçage. Mais quand ils emploient des graines, la
plupart ne s’intéressent à rien d’autre que le temps de cuisson ou à la
quantité nécessaire pour l’amorçage. Peu d’entre eux savent exactement,
par exemple, ce que sont une arachide ou un pois chiche et quelle est
leur valeur réelle. Pourquoi dans certaines conditions, l’une de ces
graines peut-elle être meilleure que l’autre ? D’où proviennent-elles et
quelle est leur utilité véritable ? Toutes ces questions sur leurs
caractéristiques et leur histoire sont pourtant importantes pour la
pêche.
À chacune son heure !
En raison de la diversité de
leurs goûts, formes, tailles, couleurs, mais aussi de leurs valeurs
parfois complètement opposées, nous avons la possibilité d’associer à un
moment de l’année, à un plan d’eau, à l’humeur des carpes, et à nos
propres envies. Et de surcroît, de le faire de manière à ce que les
qualités des unes compensent les défauts des autres. Un exemple très
probant est constitué par l’association de micrograines comme le
chènevis avec des graines plus volumineuses comme l’arachide, la noix
tigrée ou même, à l’extrême, la fève.
Les micrograines.
Grâce
à leur petite taille, les micrograines présentent l’avantage d’obliger
les carpes à rester très longtemps dans le périmètre pour « picorer »,
si on arrose bien le poste. Et comme elles vont rester sur place, il y a
plus de chances pour qu’elles s’intéressent aux esches que vous leur
présentez sur l’hameçon. Certes, par sa taille, une micrograine va aussi
intéresser toutes les espèces de cyprinidés présents dans le plan
d’eau, alors qu’à l’inverse aucun gardon ne va vouloir d’une fève, sauf
peut-être s’il est génétiquement modifié. Mais cet inconvénient va
devenir une qualité car beaucoup de petits poissons vont venir festoyer
et les vibrations générées par ce remue-ménage vont être perçues par les
carpes qui rodent aux alentour en recherche de nourriture. Bien qu’à
certaines périodes de l’année les carpes ne rechignent pas à engamer
toutes les sortes de graines qu’on leur présente, à d’autres moments il
faut être plus perspicace pour déclencher leur appétit. Le tout est de
comprendre quelles graines il faut associer en fonction de l’époque et
du plan d’eau, et ceci passe nécessairement par une connaissance plus
approfondie de chacune d’entre elle. De plus, comme certaines graines
renferment des alcaloïdes (1) (le lupin par exemple) ou peuvent être
affectées par des toxines (comme l’aflatoxine de l’arachide), il est
fortement conseillé de savoir quels sont ces poisons médicamenteux. On
saura alors comment les détruire ou, à défaut, en réduire la toxicité,
de manière à éviter tout problèmes, surtout dans les plans d’eau de
faibles superficies.
Graines germées : la technique du troisième millénaire.
Les
graines germées sont très nutritives, car c’est dans ce germe que se
trouve la totalité des éléments nutritifs nécessaires au développement
de la plante. L’endosperme (sac embryonnaire) de la graine est
l’entrepôt des protéines, de l’huile et des hydrates de carbone. Lors de
la germination de la graine, tous ces composants se transforment en des
aminoacides prédigérés et en sucres naturels dont l’embryon se nourrit à
mesure que la plante se développe et jusqu'à ce qu’elle soit à
maturité. En ce qui concerne l’alimentation humaine, des recherches ont
montré que l’on trouve dans les graines germées jusqu’à cent fois plus
de vitamines et de minéraux, et que leur valeur nutritive est
considérablement accrue. A contrario, plus l’on fait cuire les graines,
plus la perte en vitamine est importante. Le chènevis est la seule
graine que les carpistes font germer. Pourquoi ne pas en faire de même
avec d’autres ? En principe, pour faire germer des graines, il faut
suivre le protocole simple mais relativement strict qui suit.
Comment faire germer des graines ?
Mettez
la quantité désirée de graines à faire germer dans un récipient, rempli
à moitié d’eau tiède, couvrez avec une toile (style moustiquaire).
Placez-le tout dans un endroit sombre, à la température de la pièce,
durant une demi-journée environ (certaines graines à cause de leur
dureté demanderont un trempage plus long). Ensuite, égouttez les et
rincez les, puis laissez les reposer au sec durant douze heures. Rincez
les à nouveau et égouttez les bien pour éviter qu'elles ne pourrissent.
Durant les jours suivants, les graines doivent être rincées et égouttées
tous les jours avec de l’eau tiède. Maintenez les à l’abri de la
lumière et à température ambiante. Pour les puristes, à la fin il
faudrait en fait exposer les graines à la lumière du jour pour augmenter
leur teneur en chlorophylle. Attention aux récipients choisis, car
certaines graines une fois germées peuvent presque décupler leur volume.
Si la quantité de graines à faire germer est faible (seulement pour
l’eschage), le plus simple est de mettre quelques graines dans du coton
constamment imbibé d’eau, le tout dans le noir. Notez que les germes ne
doivent pas être plus grand que la graine elle-même pour que le goût
reste agréable. Ces techniques sont celles utilisées pour la germination
des graines pour l’alimentation humaine (arachide, pois chiche, blé,
sarrasin, tournesol, millet, haricots, soja, etc.).
Le facteur limitant.
Voici
comment, grâce à un mélange judicieux de graines, faire en sorte que
mathématiquement 1+1=3. L’explication se trouve tout simplement dans la
composition de chaque graine. Ce qui est vérifié scientifiquement pour
l’alimentation humaine peut certainement être adapté à la carpe, poisson
omnivore par nature. De toute manière tout être vivant a sensiblement
les mêmes besoins pour vivre et se développer (protéines, hydrates de
carbone, lipides, vitamines, ologo-éléments, etc.). Sur les 22 acides
aminés qui composent les protéines, 8 sont appelés « acides aminés
indispensables » pour la simple raison qu’ils font partie des besoins
vitaux. Cependant, comme le corps ne les synthétise pas, il faut donc
les chercher dans la nourriture appropriée. Ces acides aminés doivent
être présents ensembles et en proportions correcte pour que
l’assimilation des protéines soit complète. Il suffit qu’un seul d’entre
eux soit en proportion inférieure par rapport à la protéine de
référence pour qu’il devienne l’acide aminé limitatif ou « facteur
limitant ». Il empêchera alors l’assimilation des protéines et diminuera
en partie la fonction bénéfique des autres acides aminés, même si ceux
ci sont présents en quantité supérieure aux besoins vitaux. C’est
pourquoi il paraît judicieux de mélanger des graines de céréales et de
légumineuses pour obtenir un ensemble protéique dans lequel aucun des
acides aminés essentiels ne manque. Ce mélange constitué prouve que le
tout est plus important que la somme des parties. En clair, une carpe
qui se nourrira chaque jour d’un mélange calculé de deux graines sur
votre poste assimilera 40% de protéines en plus que si elle se nourrit
un jour avec une graine et le lendemain avec l’autre. L’animale comme
l’homme ne sachant pas stocker les protéines, la « complémentation » ne
sera efficace que si les deux protéines (céréale et légumineuse) sont
assimilées en même temps. Sinon les acides aminés non utilisés pour des
synthèses seront brûlés en production d’énergie. Ainsi pour fournir un
mélange protéique, les haricots riches en lysine, mais faibles en
méthionine peuvent être mélangés avec le blé qui en contient en
proportions strictement inverses. Tout cela peut sembler relativement
compliqué, mais, en fait, il ne s’agit ni plus ni moins que de
diététique équilibrée.
Derniers petits conseils.
Pour
la cuisson de vos graines, bannissez à tout jamais les casseroles en
aluminium, car elles ont tendance à donner un goût aux graines. Même si
vous ne le sentez pas, les carpes, elles, y seront sensibles. Evitez
aussi de parfumer les graines. Ca n’a aucun intérêt, puisqu’elles ont
leurs propres odeurs. Il est évident que, vu notre sens olfactif, nous
avons l’impression que les graines sont complètement inodores. Pour
avoir la preuve du contraire, sentez l’eau de trempage ou de cuisson et
vous constaterez une odeur bien nette. De plus, en parfumant les
graines, vous risquez de faire un mélange d’odeurs qui détournera les
carpes de vos bouillettes. Ne négligez pas non plus le fait que dans
certains cas, une surabondance d’odeurs (différentes) peut nuire.
(1)Alcaloïdes.
Ce sont des substances azotées qui ont le plus souvent des propriétés
pharmacologiques et qui généralement donnent un goût amer. Elles
présentent aussi très souvent une très grande toxicité. Les plus connues
sont la morphine, la nicotine, la strychnine, et la quinine.
(2)Hétérosides.
Ce sont des produits ressemblant à des sucres, dont certains sont
toxiques tout comme les alcaloïdes. Parmi les plus connus, on compte la
digitaline et la convallatoxine (muguet).